Outre son activité de collecte et vente d'objets usagers, Bell'occas vise à l'insertion professionnelle hors de ses murs. Karen Kubena
Social. À Auvillers-les-Forges (Ardennes), un modèle pour la réinsertion professionnelle.
Parmi les dizaines de tonnes d'objets récupérés par Bell'occas, une association d'Auvillers-les-Forges dans les Ardennes, on trouve quelques perles rares : des cafetières dans un emballage neuf, des appareils électroménager en parfait état de marche, de beaux meubles en bois… Bon nombre des autres objets délaissés ne demandent qu'un coup de chiffon ou une simple attention pour révéler leur utilité ou leur valeur.
Ce que Bell'occas s'emploie à faire vivre dans le monde des objets, elle l'exige plus encore dans la société des hommes et des femmes.
« Notre mission, c'est de faire travailler des gens en difficulté sociale ou professionnelle pour leur permettre un retour à l'emploi », explique Roland Thibeaux, président de cet atelier et chantier d'insertion (ACI) composé de huit permanents.
Sur l'ensemble des personnes accueillies en 2009 pour travailler à Bell'occas, 80 % étaient bénéficiaires du RSA, 20 % percevaient l'ASS ou sont travailleurs handicapés. À Bell'occas, toutes bénéficient d'un contrat unique d'insertion (CUI, lire encadré), conventionné pour vingt-six heures de travail par semaine. Parmi elles, certaines n'ont pas travaillé depuis deux, trois, quatre ans. Voire plus. Manque de compétences dans un marché sélectif, découragement de la recherche, peur, honte, flemme, absence de proposition digne… Qu'importe au fond la raison pour l'ACI, pourvu qu'elle puisse donner la chance à chacun de reprendre confiance et courage.
« On n'a pas vocation à pérenniser les postes. Nous servons de tremplin vers l'emploi durable », explique Roland Thibeaux.
Niveau de sorties positives insatisfaisant
Et dans les faits ? L'effet tremplin fonctionne-t-il ? Pas si simple. En 2009, sur vingt personnes sorties de Bell'occas, six seulement ont trouvé une sortie positive, dite « sortie dynamique » (CDI, CDD de plus de six mois, formation qualifiante). Dont deux emplois durables seulement.
S'il est à l'évidence plus difficile de réintégrer l'emploi quand on sort de plusieurs années de galère que quand on est frais et dispo, ces chiffres n'en demeurent pas moins « insatisfaisants et sous les objectifs fixés » pour Bell'occas.
Ils n'atteignent pas non plus à ce jour les objectifs fixés par l'État en 2011, qui exige 60 % de sortie dynamique et 25 % d'emploi durable. « Nous visons au moins les objectifs de l'État, en étant sur un axe de progrès », se défend Roland Thibeaux.
«Qui plus est, notre tâche dépend bien entendu des entreprises de droit commun. Si personne n'était stigmatisé et les chances plus facilement données, nous ne serions pas là.»
Dans la réserve d'atelier de Bell'occas, loin des chiffres, les salariés continuent à réapprendre à travailler et à reprendre confiance. En attendant, pour eux aussi, de trouver la perle rare.
Dossier Tanguy Pallaver
cahiereco
Article ajouté le 1/06/2010 16:26